L’argent que nous plaçons en banque représente aujourd’hui notre premier impact carbone, soit 41% des émissions de gaz à effet de serre d’une famille moyenne. Oui, 41% ! C’est énorme, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, diminuer cet impact n’est pas si compliqué que cela… On te donne ici quelques pistes pour mieux t’y retrouver. Parce que même si l’impact de notre argent est grand, il est facile de le réduire, et on a alors un vrai levier d’action pour faire changer les choses !

Alors dis-moi, quel est l’impact de mon argent ?

Aujourd’hui, 1€ en banque, c’est 200 g à 1 kg éq-CO2. L’impact de ton argent varie en fonction de la banque dans laquelle il est déposé. Par exemple, 1€ c’est 196 g d’émission de gaz à effet de serre à la Nef, et 1.07 kg au Crédit Agricole. On multiplie l’impact par 4 d’une banque à l’autre.

Pourquoi ? Parce que les banques investissent ton argent dans des projets différents, avec plus ou moins d’impacts en termes d’émissions. Pour savoir ce qu’il en est de ta banque, tu peux aller voir le site des Amis de la Terre, qui classe les banques en fonction des risques climatiques et sociaux qu’elles engendrent, et qui détaille les critères de ce classement. Impacts environnementaux, transparence, gouvernance… tout est passé au crible.

On y apprend par exemple que la Société Générale, le Crédit Agricole et BNP Paribas représentent les risques les plus importants. Entre 2009 et 2014, la Société Générale a soutenu le secteur des énergies fossiles à hauteur de 32 milliards d’euros. En 2018, les activités de financement et d’investissement des quatre principales banques françaises dans le secteur des énergies fossiles engendraient 4,5 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que la France cette même année ! On ose à peine y croire…

Est-ce vraiment ce que nous voulons ?… On préfère adopter une démarche financière qui correspond réellement à nos valeurs, en accord avec l’économie sociale et solidaire.

Finance solidaire
Comment se retrouver dans la jungle de la finance solidaire ?

Premier pas : je m’informe sur les offres « vertes » de ma banque

Quels sont les produits d’épargne « verts » que ma banque me propose ? Le Livret Développement Durable et Solidaire ? Mouais… On a vu mieux. Certes, 10% de cet argent doivent être versés pour des “travaux d’économie d’énergie dans les bâtiments anciens”, mais 80% sont destinés à des PME sans critère écologique et les 10% restants ne sont pas encadrés. Ils peuvent donc alimenter une multinationale grosse émettrice de gaz à effet de serre. A moins que notre banque ne publie la liste de ses investissements, on ne lui fait pas vraiment confiance et on préfère aller voir ailleurs… Mais avant ça, on creuse un peu la question auprès de notre banquier. Quand même. Qui sait, on aura peut-être de bonnes surprises ! Et en tous les cas, lui poser des questions, c’est lui permettre de s’intéresser à notre démarche et, pourquoi pas, d’y adhérer.

Je change de banque

… Mais d’abord, qu’est-ce qu’une banque éthique ? 

C’est une banque qui respecte trois critères :

  • Des financements ciblés, uniquement pour des projets dans les domaines environnementaux, sociaux et culturels ;
  • Une transparence totale avec la publication annuelle de tous les projets qu’elle finance, des montants alloués et de leur utilisation ;
  • Une rémunération de l’épargne limitée. L’objectif d’une telle banque n’est pas de placer une épargne sur les marchés financiers, mais de la protéger.

Aujourd’hui en France, seulement deux banques assurent que 100% de leurs placements sont solidaires : la Nef et le Crédit Coopératif. Ce sont aussi, d’après la Fédération européenne des banques éthiques et alternatives (FEBEA), les deux seules banques ayant un impact social et environnemental positif. Et aucune des deux n’investit dans le secteur des énergies fossiles. Youpi !!

On place donc notre épargne dans l’une de ces banques… La Nef est mieux placée que le Crédit Coopératif dans le classement des Amis de la Terre, puisque les émissions financées sont estimées à 0.05 million de tonnes CO2-éq. pour la Nef et à 5 millions de tonnes CO2-éq. pour le Crédit Coopératif. En plus, la Nef publie chaque année l’intégralité des projets qu’elle finance, alors que le Crédit Coopératif se contente de publier les secteurs d’activité qu’il soutient financièrement. D’ailleurs, tu te souviens des produits Lamazuna dont on t’a parlé dans notre article sur la salle de bains ? Et bien, la Nef les finance ! Malheureusement, cette banque n’offre pas encore la possibilité d’ouvrir de compte courant pour les particuliers, alors pour ça on se dirige vers le Crédit Coopératif, qui propose plusieurs solutions.

Tu vas voir dans cette vidéo, c’est très simple de changer de banque pour se diriger vers des solutions solidaires. Un grand merci à Thomas d’avoir eu la patience de répondre à mes questions… et nous aider pour le montage de la vidéo ! 😉

Bien sûr, on peut aussi placer tout son argent au Crédit Coopératif. D’ailleurs, que ce soit pour ton compte courant ou ton compte épargne, le Crédit Coopératif te permet de choisir le domaine d’activité dans lequel tu souhaites investir ton argent ! On se prend à rêver d’un monde où il serait systématique de choisir les impacts de son argent…

Existe-t-il d’autres solutions pour reprendre le pouvoir sur notre argent ?

Je place directement mon argent dans des projets solidaires

Oui ! Le label Finansol permet d’identifier des placements d’épargne utiles à la société et à l’environnement, pour une épargne éthique. C’est une autre manière de contribuer à la finance solidaire. Tu peux retrouver une multitude de placements sur leur site. Par exemple, la Foncière Terre de Liens permet de souscrire des actions pour investir dans des projets d’agriculture qui correspondent à nos valeurs. Le capital accumulé permet d’acheter des fermes qu’ils louent aux paysans, et d’y implanter des activités agricoles de proximité, biologiques et à taille humaine. Aaaah !! On respire mieux là, non ? 😉

Et surtout, je sais que je peux avoir confiance !

finance solidaire bain
On se détend ! 🙂

Il est aujourd’hui admis que le principe du “too big to fail” (trop gros pour s’effondrer) n’est pas vrai. Même les grandes banques ne sont plus à l’abri, puisque leurs placements sont de plus en plus risqués. Il n’y a absolument aucune raison logique de leur faire plus confiance qu’à des organismes qui investissent notre argent dans l’économie réelle, souvent locale. Les PME et TPE non cotées en Bourse sont en effet les principales bénéficiaires des prêts octroyés par les banques éthiques. Comme elles ne sont pas cotées, leur risque de perte en capital est bien plus faible que celui des banques classiques. D’ailleurs, le Crédit Coopératif existe depuis 125 ans !

On redonne donc à notre argent son utilité première : échanger, plutôt que spéculer.

Alors voilà, tu vois, réduire l’impact écologique et social de son argent, ce n’est pas très compliqué. Pas besoin d’instaurer de nouvelles habitudes, on joue ici sur la rupture avec le système dominant dont on ne veut plus. Quelques clics, quelques coups de téléphone, et le tour est joué. Un petit pas pour toi, un grand pas pour l’avenir de notre planète ! 

N’hésite pas à nous poser des questions si tu veux plus de détails sur les solutions qu’on propose : on fera de notre mieux pour obtenir des réponses auprès des organismes concernés !

Et non, je ne suis pas experte en finance solidaire. Je me contente simplement de te transmettre les informations que j’ai récoltées. Elles proviennent surtout de deux livres, que je te recommande chaudement :

  • Jérémie Pichon et Bénédicte Moret, Famille en transition écologique, Editions Thierry Souccar, 2019.
  • Julien Vidal, Redonner du pouvoir à son argent, Editions Actes Sud, 2020.

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